Zonelivre.fr, 09/02/2015
Mr Y est tueur à gages. Il a une mission à accomplir depuis plus d’un an. Oui mais voilà quand on souffre de tous les maux comme tant d’écrivains célèbres, qu’on pense qu’on va mourir d’une minute à l’autre et qu’on a la poisse comme Pierre Richard en François Pignon, ça paraît délicat !
La narration à la première personne nous immerge directement dans l’histoire. Beaucoup de termes médicaux mais même un novice pourra comprendre car Mr Y est capable de vous détailler avec précision tous ses symptômes, l’historique des maladies…Grand amateur de Kant, il est fier d’avoir un point commun avec celui-ci : une ponctualité d’horloger. Cela peut être utile d’être aussi précis lorsqu’il faut espionner un individu, connaître ses habitudes…Le choix des armes est important aussi, afin d’éviter toute complication musculaire…Vous l’aurez compris, nous avons affaire à un tueur atypique, qui a fait de la prison à cause d’une maladresse et non pas pour avoir tué la cible prévue…
La valeur ajoutée de ce livre divertissant sont les quelques chapitres qui nous font remonter le temps à la rencontre de Kant, Poe, Tolstoï…qui eux aussi, ont souffert de maladies diverses et variées. Cela donne envie de s’immerger davantage dans leurs biographies respectives.
Vous avez saisi le ton, nous sommes dans une « comédie policière ». La mission de Y est presque secondaire. Mais je peux vous dire qu’il y en a des péripéties avec un phénomène pareil. Alors réussira t’il ou pas ?
Si vous n’avez pas peur de tomber malade, lisez ce livre décalé et instructif !
Tête de lecture, 15/03/2014
La littérature espagnole traduite en France nous donne rarement l’occasion de rire. Aussi profitons sans hésiter d’un roman, noir à la base mais rapidement loufoque, qui décline les tracas et malheurs d’un assassin aussi consciencieux que malade : le tueur hypocondriaque.
M.Y. est argentin, comme sa victime Eduardo Blaisten. Depuis un an et deux mois, il le suit, traquant ses habitudes et cherchant le moment propice pour commettre son crime. Il connait à la minute près son emploi du temps, anticipe ses déplacements. Alors quoi ? Depuis plus d’un an, pourquoi n’est-il toujours pas passé à l’acte (pour lequel il a déjà été payé) ?
C’est que M.Y., le tueur hypocondriaque et narrateur, a plusieurs problèmes dans la vie dont la malchance. C’est à cause d’elle n’en doutons pas qu’il souffre d’un nombre incalculable de maladies, extrêmement rares pour la plupart : malédiction d’Ondine, aphasie de Wernicke, syndromes de Proteus, de Moebius, du spasme professionnel. Sans compter qu’il louche, souffre de gigantisme du pied droit, d’une insuffisante bande de gencive kératinisée et transporte dans une excroissance de son cou son frère jumeau tué in utero.
Cet incroyable catalogue de maladies toutes plus loufoques les unes que les autres pourrait s’avérer laborieux si Juan Jacinto Muñoz-Rengel n’ajoutait à cette complainte une réjouissante érudition. Car M.Y. ne cesse d’invoquer les grands malades de la littérature et de la philosophie. Kant, Voltaire, Poe, Proust, Tolstoï : tous ont été de grands malades mais aussi de grands génies dans leur genre. Et le narrateur de tisser liens et comparaisons entre tous ces hommes illustres et souffrants et lui-même. Ils sont morts dans la solitude, comme lui demain. Car M.Y. est certain de ne pas passer la journée, ses battements de cœur, sa température, sa tension le lui confirment.
Le samedi matin, je me suis réveillé mort finalement. J’ai appelé les secours, pourtant, lorsqu’ils sont arrivés, par l’oeuvre d’un puissant miracle, mon cadavre a montré une nette amélioration. En ouvrant les yeux, comme dans un rêve, j’ai vu un pâle infirmier aux gestes douteux, agenouillé près de celui à qui il avait rendu la vie.
Pour un petit break potache en apparence mais fourmillant d’anecdotes littéraires, on lira avec plaisir Le tueur hypocondriaque qui est au roman noir ce que La soupe au chou est au roman de science-fiction…
Cultura Lire, 30/04/2013
C’est un polar à l’envers. Dans l’Espagne contemporaine urbaine, un tueur professionnel traîne son hypocondrie dans les rues de Madrid en surveillant distraitement sa cible.
Il souffre de strabisme et de maladresse au moment de repérer sa victime. Un périple surréaliste et dément où le personnage du tueur fait équipe avec sa culpabilité et convoque, pour se distraire ou se rassurer, quelques-uns des plus illustres hypocondriaques de l’Histoire. C’est ainsi qu’on redécouvre ces grands auteurs par quelques raccourcis biographiques : le petit Kant et ses promenades vespérales, Tolstoï, Descartes, Molière et sa critique des médecins… Ironie et autodérision d’un homme seul tout entier épris de son sens du devoir. Car ce tueur aimerait honorer sa commande mais il n’est peut-être pas assez cruel pour y parvenir. Il a cette fâcheuse maladie du sommeil qui le pousse à s’endormir au moment crucial. Poursuivi par son inépuisable malchance, il compose avec sa somnolence maladive. Ce livre développe une farce loufoque et drôle. Insomnies, palpitations, l’homme est convaincu chaque jour qu’il ne verra plus se lever le soleil. Une journée de plus et c’est un miracle qui ne finit pas de l’étonner la nuit suivante. Mais les verbes suivre et être se conjuguent de la même façon lorsqu’ils se prononcent à la première personne du singulier : « je suis Eduardo Blaisten ». Qui est le criminel ? Qui est la victime ?
1) Qui êtes-vous ? !
La traductrice de ce livre qui a tout de suite cru en son potentiel pour les Editions Les Escales.
2) Quel est le thème central de ce livre ?
La grande famille des hypocondriaques de l’histoire.
3) Si vous deviez mettre en avant une phrase de ce livre, laquelle choisiriez-vous ?
La toute première phrase : «Il ne me reste plus qu’un jour à vivre après en avoir volé quinze milliards à la mort.»
4) Si ce livre était une musique, quelle serait-elle ?
La musique du générique de la Panthère Rose.
5) Qu’aimeriez-vous partager avec vos lecteurs en priorité ?
L’humour décalé du livre, un regard différent et libérateur sur nos propres tendances hypocondriaques.
Le choix des libraires : choisi le 07/03/2013 par Coline Meurot de la librairie MAJUSCULE LA ROSE DES VENTS à ARMENTIÈRES, France
M. Y. est un tueur à gages. Depuis plus d’un an il tente de tuer Eduardo Blaisten. Mais tout joue contre lui. En plus de souffrir de tous les maux les plus rares connus sur terre, il est poursuivi par une malchance chronique. Cet hypocondriaque «au devoir kantien» nous raconte ses différentes tentatives d’atteindre sa cible. Il se compare aux plus grands noms de la littérature, eux aussi malades invétérés tous plus atteints les uns que les autres. Une perle désopilante et touchante où l’on rit tout en côtoyant Edgar Allan Poe, Voltaire et consorts. Un régal !
Le choix des libraires : choisi le 18/03/2013 par Nadège Badina de la librairie BIRMANN MAJUSCULE à THONON-LES-BAINS, France
Mon pouls bat à 84 pulsations par minute. Ma tension artérielle est de 12.4/6.8 mmHg. Ma température est de 36.8 degrés. Je respire 16 fois par minute. Dans ma chambre la température ambiante est de 26 degrés et l’humidité relative de quarante-huit pour cent. Un diagnostic qui ne paraît pas alarmant, pourtant sous la plume de Juan Jacinto Muñoz-Rengel, il vaut mieux aller consulter… Un tueur à gages, M. Y., qui a touché il y a plus d’un an et deux mois un versement dans une enveloppe de papier vélin, avec une calligraphie aux traits anguleux et boucles prononcées, a pour mission d’éliminer Eduardo Blaisten, un psychologue juif, qui écrit et signe des articles. Tout serait trivial si ce tueur n’était pas hypocondriaque persuadé de vivre son dernier jour. Et la mission pourrait s’avérer insignifiante si cet adepte du kantisme ne jouait de malchance comme s’il était tombé d’un autre monde et se fracassait la tête au centre d’une farce. Combinant ces fabuleux paradoxes, Juan Jacinto Muñoz-Rengel narre les innombrables tentatives d’homicides de son anti-héros. Il alterne alors des épisodes biographiques de malades imaginaires, des logorrhées médicamenteuses mais non aseptisées, et, des dialogues à la limite de l’absurde. Mais s’il se contentait d’avoir simplement recourt au comique de répétition, le récit en perdrait de sa superbe. L’auteur réussit astucieusement à insuffler un dynamisme inattendu : il ironise autant sur le statut névrosé de son docteur Faust cadenassé dans ses idéologies, qu’il le place dans l’ombre tutélaire des auteurs les plus illustres. Tel Ionesco, l’auteur construit son premier roman autour d’un protagoniste extravagant, et, transcendant alors son érudition, il l’inscrit dans des prouesses complètement foutraques mais tellement héroïques. Le Tueur hypocondriaque, un roman savant et cocasse qui rendra insomniaque !
Le choix des libraires : choisi le 18/03/2013 par Max Buvry de la librairie VAUX LIVRES à VAUX-LE-PÉNIL, France
Monsieur Y. est un tueur à gages, très consciencieux, depuis un an et deux mois, il suit Eduardo Blaisten sa prochaine cible. Monsieur Y. est entravé dans son travail par sa malchance mais surtout par une maladie, ou plutôt par des maladies. Hypochondriaque extrême qui reconnaît sa «relation complexe avec les médecins ? 9000 fois plus dangereux qu’une arme à feu», il est atteint d’une multitude de maladies souvent imaginaires mais toujours inquiétantes et observant les nouveaux symptômes, il s’attend au pire chaque soir ! Pourtant Monsieur Y. ne s’en laisse pas conter, c’est «un homme de devoir kantien», et tout en accomplissant sa tâche avec application, sa culture lui permet d’évoquer tous les grands malades et hypocondriaques de la littérature, et le choix est immense, Proust, Molière, Poe, Voltaire, Tolstoï… Dans cette traque de la vie et de la mort, un premier roman qui oscille entre le noir et l’absurde et surtout toujours réjouissant.